mercredi 15 avril 2015

Jane Eyre

Ecorné, froissé, usé aux arrêtes. Un vieux poche Penguin qui a beaucoup vécu. Pourtant c'est un des livres les plus précieux de ma bibliothèque.

Sur la seconde de couverture, une dédicace qui a vingt ans presque jour pour jour, comme mon amitié avec cette Anglaise qui me l'a offert le jour de notre rencontre et qui a été si importante dans ma vie. Tout aurait été différent sans doute. Adolescentes, elle était si jolie et moi tellement laide, et pourtant c'est son regard bienveillant qui m'a pour la première fois fait comprendre que je n'étais pas un monstre.

A l'autre bout, sur la troisième de couverture, un nom, une adresse, un téléphone, de la main de celui dont c'était. Je suis tombée amoureuse de lui en lisant enfin ce livre offert quatre ans auparavant. Je ne suis pas sûre qu'il m'aurait tant attirée sans la fascination du roman ; mais il faisait un assez bon Rochester avec son visage singulier et sombre, sa taille moyenne, sa poitrine large et ses manières un peu hautaines. Quant on a finalement été tous les deux dans ma chambre d'étudiante il m'a saisie sans tendresse, sans me laisser le temps d'avoir envie, et a montré de l'humeur quand plus tard j'ai dû lui demander d'arrêter parce que j'avais trop mal. C'est le premier qui m'a fait sentir que l'homme qui te plaît ne te veut pas forcément du bien.

Entre les deux, Jane Eyre. La lecture de ce roman donne tant de force. Jane est si forte tête, si puissante d'esprit et de caractère. Par temps d'orage, le style ample et décidé de Brontë apporte tant de consolation. Tant de chaleur.

Elle est le pharmakon. Selon comment tu le prends, le remède ou le poison.

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