samedi 29 novembre 2014

Fantaisie rouge

Je suis retombée dessus par hasard. Dans un pays lointain, chez des amis d'amis. Il y avait dans une pile dépareillée cette assiette décorée d'une scène du Petit chaperon rouge, le loup surgissant de derrière un arbre. J'avais la même assiette enfant, mais je l'avais effacée de ma mémoire. Elle est revenue d'un coup. C'était la même exactement ; le même dessin malhabile, assez laid mais attachant, un chaperon joufflu et blond effrayé par pure convention, et le loup comme un gros chat débile tirant la langue, l'air bien sympathique finalement.

ça m'a mis un coup, l'irruption de ce motif intensément familier alors que je me croyais loin de tout. ça m'a mis un coup, parce que : cela fait des années que le conte du chaperon rouge est un motif important pour moi, mais je ne me souvenais pas que cela faisait si longtemps.

Or que dit-il, ce fantasme du loup - ce loup brun, chaud, velu, neuf, mystérieux ? Bien sûr, Chaperon rouge est attirée par le loup. J'ai longtemps lu ce motif comme quelque chose d'assez valorisant - l'attrait du danger, de l'aventure. Mais par quoi est-elle attirée ? Que propose le loup ? Le loup aime le Chaperon. Comment le sait-on ? Eh bien il veut la manger.

Le loup, c'est celui qui prouve son amour en détruisant ce qu'il aime.

Ai-je ceci au fond de moi - l'idée que la seule vraie manière de m'aimer, c'est de me détruire ?

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